Le Cerf élaphe
Le cerf élaphe (Cervus elaphus) est le plus grand ongulé sauvage de France. Cet animal présente un fort dimorphisme sexuel. Les mâles sont beaucoup plus lourds que les femelles.
Toutefois, ils dépassent rarement 200 kg en France. Eux seuls arborent une ramure ou bois, qui se renouvelle chaque année. Le pelage, fauve, est très variable, du brun sombre au beige clair. Les faons naissent au printemps. Leur robe rousse tachetée de blanc constitue un camouflage de protection efficace contre les prédateurs. Le cerf élaphe avait disparu du sud de la France au cours du XIXe siècle et les dernières populations françaises étaient réfugiées dans les grands massifs forestiers du nord de la France. Elles ont servi de souches aux réintroductions effectuées dans le sud, principalement dans les massifs forestiers de montagne. Les réintroductions datent des années 1960 et 1970. En Maurienne, un retour spontané de quelques individus, issus des populations limitrophes du versant italien des Alpes, est venu renforcer ces opérations.
Écologie
Animal forestier, il fréquente indifféremment les forêts de conifères comme de feuillus.
Cependant, il n'est pas rare de l'observer en alpage au-dessus de la limite de la forêt, ainsi que dans les pentes raides de l'aulnaie verte. Le cerf élaphe adulte n'avait pas de prédateur en France avant le retour du loup. Herbivore, il se nourrit d'herbe et, en période hivernale, de rameaux et d'écorces. En Tarentaise, il lui arrive de commettre quelques dégâts dans les potagers à cette saison. Au printemps, son solide appétit peut l'amener dans les prairies de fauche où il broute abondamment les premières pousses d'herbe. En-dehors de la période du brame qui se déroule de septembre à octobre, le cerf vit en hardes matriarcales regroupant les femelles, leurs faons et les jeunes de l'année précédente. Les mâles vivent en solitaires ou en hardes lâches
Répartition géographique et intérêts biologiques
Le cerf élaphe fait partie intégrante de la grande faune des montagnes. Dans le contexte actuel d'abandon par l'agriculture des terrains les plus ingrats, il a un rôle à jouer dans la conservation des espaces ouverts, clairières, friches. Les forêts mixtes et diversifiées, tant en matière d'essences que de classes d'âges, ne souffrent pas de la présence de cet herbivore.
En Tarentaise, le cerf élaphe a été réintroduit entre 1967 et 1972 à partir d'animaux capturés à Chambord. En 2006 les comptages font état d'une population bien établie en Haute-Tarentaise de l'ordre de 500 individus.
Menaces
En Tarentaise, l'augmentation des effectifs de cerf élaphe s'est traduite par une multiplication par dix des attributions au plan de chasse de la fin des années 1980 au début des années 2000. La quantité d'animaux chassés tous les ans est corrélée à la densité des populations de cerfs considérée comme économiquement supportable par la société. À ce titre, la chasse en Savoie ne constitue pas une menace pour l'espèce. Pour éviter un prélèvement trop important des grands mâles adultes en pleine force de l'âge, (plus appréciés que les individus malingres, les femelles ou les jeunes), les attributions au plan de chasse limitent le tir des mâles.
Comme tous les ongulés, le cerf souffre de la circulation automobile nocturne et les accidents ne sont pas rares.
Particulièrement spectaculaire, le brame du cerf attire, sur quelques sites, un public de plus en plus important chaque année. Tolérable tant qu'elle reste discrète, la présence d’observateurs peut perturber les hardes.
Protection et propositions de gestion
Le cerf élaphe est une espèce chassable dont les attributions, en quantité et en qualité, sont fixées chaque année par des plans de chasse. Le maintien de populations saines et équilibrées (en termes de sexe ratio et de classes d'âges) dépend donc du respect des préconisations des plans de chasse, qui sont en adéquation avec la structuration et la densité de ces populations.
Concernant la menace routière, il importe de localiser les couloirs de migration et de concevoir des passages de grande faune adaptés, en particulier pour les nouvelles infrastructures. La fréquentation de certains sites de brame pourrait être encadrée (écotourisme).
LE SAVIEZ-VOUS ?
- Le faon est le jeune de moins de 6 mois. Il devient hère entre 6 mois et un an. Ses premiers bois poussent à un an, il ne porte alors qu'une paire de cors, c'est un daguet. Les bois tombent chaque année en mars et repoussent en 130 jours environ. Ils se ramifient un peu plus chaque année, puis lorsque le cerf vieillit, cette croissance ralentit : le cerf “ravale”. Lors de leur croissance les bois sont recouverts d'un velours1 très richement irrigué qui se dessèche et part en lambeaux en juin.
- Dans les pays de l'Est, on attribue aux cors encore recouverts de leur velours des propriétés médicinales rajeunissantes.
1 Peau veloutée ou poilue qui recouvrent les bois des cervidés. Le velours apparaît en même temps que pousse les bois. Il sèche et se détache en lambeaux quelques temps après le développement des bois. On dit que l’animal qui perd ce velours “fraye”, il accélère la chute de cette peau en se frottant contre les arbres.